Leçons du dating #1 Je ne m’autorisais pas à vouloir quelqu’un
Pendant longtemps, il y avait quelque chose d’inconscient qui faisait que je ne m’autorisais pas à vouloir être avec quelqu’un. Comme si le simple fait de désirer m’était interdit. Je n’avais pas choisi de me bloquer, ça se passait en dessous de ma conscience, dans ce dialogue interne que je n’osais jamais vraiment écouter.
Avec cet homme, j’ai commencé à dater en me donnant une règle : notre relation ne devait être que sexuelle. Nous ne vivions pas dans la même ville, nous nous voyions environ une fois par mois, souvent lors d’une soirée qui se terminait par une nuit ensemble. Sur le papier, tout semblait simple. Mais rapidement, mes besoins profonds ont commencé à faire surface, et lui ne comprenait pas pourquoi ce “cadre clair” ne suffisait pas à calmer mes élans.
Je naviguais dans cette ambivalence permanente, un mélange de dépendance affective et d’évitement. Quand je n’étais pas avec lui, je ressentais un manque intense ; quand j’étais proche, il y avait à la fois du soulagement et une frustration perpétuelle, comme si jamais rien ne pouvait vraiment combler ce vide. Pour me protéger, j’avais construit des stratégies : me convaincre que la relation était vouée à l’échec, m’imposer un cadre rigide pour ne pas me poser la question de ce que je voulais vraiment. Trop rationnaliser devenait une échappatoire, un moyen de fuir l’intensité de mes émotions et de mes désirs.
Et puis un jour, quelque chose a changé. Une phrase est venue briser ce cycle, résonnant d’une manière que rien d’autre n’avait réussi à faire. Tout à coup, ce qui était inconcevable jusque-là est devenu possible. Un frisson de curiosité et de soulagement s’est glissé dans mon corps, comme si une porte jusque-là invisible venait de s’ouvrir.
Un ami m’a posé une question simple mais radicale : “Pourquoi est-ce que tu ne pourrais pas avoir envie de te mettre en couple avec lui ?” Ce moment a été une véritable révélation. Pour la première fois, j’ai envisagé que je pouvais avoir le droit de vouloir, peu importe la réciprocité ou la réalité extérieure. Cette autorisation m’a apporté un soulagement physique et émotionnel immédiat, une respiration nouvelle au milieu de la tempête intérieure.
« Comprendre nos blocages inconscients, c’est commencer à se donner la permission de désirer »
J’ai alors commencé à écouter ce dialogue interne que je fuyais depuis si longtemps. Toutes les histoires que je me racontais, les excuses pour ne pas vouloir, sont apparues clairement : “Je ne suis pas assez”, “Je ne mérite pas”, “Ça ne marchera jamais”, “On est complètement incompatibles”. Et avec elles, la honte : honte de désirer être en couple avec quelqu’un, honte de ce que je pouvais ressentir au fond de moi, honte de ne pas réussir à expliquer ce désir de manière rationnelle. Comme si tout de suite cela faisait de moi quelqu’un d’inadapté, trop ou pas assez. La reconnaissance de ces mécanismes a été bouleversante, mais aussi profondément libératrice.
Accepter que j’avais le droit de vouloir ne signifiait pas que la douleur disparaissait. La fin de la relation a été surtout un aller-retour constant entre mes anciens mécanismes et la nouvelle autorisation que je m’étais donnée. Parfois, je retombais dans la rationalisation ou la frustration, puis je revenais à l’observation de mes émotions et à l’accueil de ce que je ressentais. Ce mouvement intérieur, parfois chaotique, a été essentiel pour intégrer progressivement mon droit à désirer, même au milieu de l’incertitude et des tempêtes émotionnelles, même si tout n’était pas parfait, même si la réciprocité n’était pas là.
Alors, au-delà de cette histoire particulière, je me pose cette question, et je vous la pose aussi : est-ce que vous vous autorisez vraiment à vouloir quelqu’un ? Ou bien vos croyances et vos excuses vous empêchent-elles de reconnaître vos désirs ? Observer son dialogue interne, ses sensations, ses émotions, c’est déjà un premier pas vers plus de clarté et de liberté intérieure.
— De mon coeur au vôtre, Juliette